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Pour aller plus loin

Faut-il forcément aller mal pour consulter un psychologue ?

  • Photo du rédacteur: Elian Vermeulen
    Elian Vermeulen
  • 1 févr.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 19 sept.

C’est une question qu’on entend souvent. Parfois à voix haute, parfois en silence, posée du bout des lèvres ou glissée entre deux phrases. Il y a des douleurs évidentes, brûlantes, qui crient. Et puis il y a les autres : celles plus discrètes, plus diffuses. Celles qu’on garde en soi parce que « ça va », parce qu’on continue d’avancer, parce qu’on se dit qu’il y a toujours pire.

Mais au fond, il y a cette hésitation :« Est-ce que j’ai le droit d’y aller… si je ne vais pas si mal que ça ? »« Est-ce que c’est légitime… de consulter juste parce que je me sens un peu perdu(e), sans raison claire ? »

La réponse est oui. Évidemment oui.

Un jour, une patiente m’a dit :« Je viens sans trop savoir pourquoi. Juste parce que je sens qu’il y a quelque chose qui cloche, mais je n’arrive pas à poser de mots dessus. ». On a commencé là. Juste ça. Une sensation floue. Et déjà, l’espace s’ouvrait.

Ce n’est pas forcément une chute brutale qui pousse à venir. Parfois, c’est plus subtil : une fatigue de l’âme, une envie de mieux se comprendre, ou cette sensation de passer à côté de quelque chose d’essentiel, sans savoir quoi exactement.

Consulter, ce n’est pas seulement « aller mieux » après être allé mal. C’est aussi prendre soin de soi avant que ça déborde. C’est écouter les petits tiraillements avant qu’ils ne deviennent des nœuds.

On ne se demande pas s’il faut avoir un os cassé pour aller chez l’ostéo. On ne remet pas en question l’utilité de consulter un(e) nutritionniste, même si on ne souffre pas d’une maladie. Alors pourquoi attendre une urgence pour prendre soin de son monde intérieur ?

Dans mon cabinet, j’ai vu des personnes qui allaient bien en surface, mais qui portaient en elles des questions non formulées, des émotions comprimées, des élans freinés. Et c’est souvent là, dans ce « je ne sais pas trop pourquoi je viens », que commence le vrai travail. Parce qu’on ouvre l’espace. Parce qu’on déplie ce qui était resté plié.

Il y a aussi cette crainte, fréquente :« Et si je n’avais rien à dire ? »« Et si je restais muet(te), les yeux dans le vide ? ». C’est une peur légitime. Mais en vérité, il n’y a pas besoin d’un récit tout prêt. Ce n’est pas un entretien d’embauche. Ce n’est pas un examen. C’est un espace de co-construction, une conversation à deux voix. Parfois, les silences disent plus que les mots. Et il arrive souvent que la parole émerge d’un soupir, d’un regard, d’un geste.

Et puis, il y a le regard des autres.

Certain(e)s n’en parlent pas, par peur du jugement. D’autres le disent, mais à demi-mots, avec une gêne. Comme si consulter un psy était une marque de faiblesse. Mais ce n’est pas une faille. C’est une force. Une preuve de maturité. Un pas vers soi.

« On ne consulte pas toujours parce qu’on va mal. Parfois, on consulte simplement parce qu’on sent qu’on mérite d’aller mieux. »

Se dire « je vais bien, mais j’aimerais aller mieux », c’est déjà un acte de soin. Un peu comme ouvrir une fenêtre quand l’air devient lourd. Comme prendre une pause, non pas parce qu’on s’effondre, mais parce qu’on en ressent le besoin. Parce que c’est le bon moment pour vous.

Ce premier rendez-vous, ce n’est pas un verdict. C’est un point de départ. Un lieu où vous pouvez venir tel(le) que vous êtes, avec vos questions, vos doutes, ou même sans mots. Je suis là pour vous écouter, bien sûr, mais pas seulement. Je suis là pour vous accompagner, vous poser les bonnes questions, vous aider à mettre du sens. Pas juste hocher la tête en murmurant « hmm hmm ».

C’est une rencontre, pas une posture. Un échange, pas un monologue. Et si, justement, c’était ça, la vraie révolution : consulter, non pas parce qu’on est à bout, mais parce qu’on se choisit ?


 
 
 

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